Séminaire du 12/03/2005

« LA FONDATION DE LA COLONIE FERNANDINA DE JAGUA, FUTUTRE CIENFUEGOS (CUBA). 1817-1832.

Maxime Guillet

Résumé

Avec la disparation de sa rivale dominicaine dans la décennie 1790-1800, l’oligarchie cubaine se tourne résolument vers l’économie de plantation. L’introduction massive d’esclaves à Cuba, ajoutée à leur inattendu protagonisme lors de la révolution de Saint-Domingue, convertit la « peur du Noir » en point central de la politique coloniale espagnole. En ce début de XIXe siècle, et à la faveur des bouleversements politiques qui agitent l’Espagne et ses colonies, les secteurs « éclairés » voient augmenter leur influence. L’Angleterre, dont l’influence se trouve renforcée par la victoire sur les troupes napoléoniennes, mène déjà la lutte en faveur du travail salarié face à la traite et l’esclavage. A Cuba La diversification agricole et le rétablissement de l’équilibre racial sont alors présentés comme les éléments indispensables au maintien de la « Siempre Fiel Isla »  au sein de l’empire espagnol. En 1817, la politique de blanchissement de Cuba est officiellement mise en oeuvre par le Capitaine Général Cienfuegos et son Intendant Ramirez. Deux ans plus tard les premiers colons, pour beaucoup d’origine française, réfugiés de Saint-Domingue et de Louisiane ou venus de la métropole pour entâmer une vie nouvelle, entreprennent leur installation sur les rives de la renommée baie de Jagua, future Cienfuegos. L’enthousiasme des colons se heurte rapidement au caractère autocratique de leur chef, le militaire monarchiste d’origine louisianaise Louis de Clouet, mais aussi aux attaques menées les détarcteurs de leur entreprise. En effet, nombreux sont les propriétaires qui les voient comme de potentiels concurrents et défendent une Cuba esclavagiste et ultra-militarisée : ils voient dans l’esclave l’unique main d’oeuvre capable de leur faire relever le défi du commerce colonial libre, et dans les militaires l’indispensable force pour faire face à la menace indépendantiste venant du continent, et surtout au « péril noir » créé par l’exploitation massive des esclaves. Dans ce contexte, et non sans aléas, l’entreprise de la colonie Fernandina de Jagua se convertit en succès partiel : elle a atteint un état d’avancement économique non négligeable, a assis l’autorité politique de son fondateur en son sein mais aussi en métropole, et est proclamée en 1832 « Villa de Cienfuegos ». Mais l’Espagne et ses autorités coloniales cubaines auront démontré pendant ses quinze premières années d’existence toute leur faiblesse, ainsi que leur incapacité à résoudre les contradictions intrinsèques de la société cubaine, préparant le terreau pour l’émergence des idées révolutionnaires abolicionnistes et indépendantistes.